Le confinement, une opportunité de cultiver notre agilité individuelle ! (partie 2)
Qu’on le veuille ou non, nous avons tous dû nous adapter aux nouvelles contraintes de l’épidémie et du confinement. Les causes de l’anxiété sont nombreuses (voir Comprendre ce qui nous arrive, partie 1), mais passées les premières difficultés des deux dernières semaines, sur les plans émotionnel, organisationnel (perso et pro) et technologique, cette épreuve est une opportunité de développer notre agilité individuelle (partie 2) d’abord, et notre agilité collective (partie 3).
Notre agilité personnelle
Si certains apprécient d’être confinés, d’autres trouvent ça insupportable, d’autres encore peinent à trouver la bonne attitude, n’est-ce pas, là, une belle occasion de challenger l’agilité dont beaucoup se prévalent ?
Être agile, ce n’est pas uniquement parler « le jargon agile » ou déployer des méthodes agiles à l’échelle ou afficher l’agilité comme valeur au fronton de l’entreprise.
Être agile, c’est incarner l’agilité, d’abord en tant que personne, précisément face à une situation complexe et imprévue ; c’est éviter de tomber dans le piège de la résignation ou dans celui de la résistance. Le déni, le refus, la plainte, la déstabilisation sont la manifestation d’une néophobie, incapacité à affronter une situation nouvelle non maîtrisée, dans la « vraie vie ».
Notre agilité est mise à l’épreuve. Et dans ces circonstances nouvelles et soudaines, notre pilote automatique, qui fonctionne à merveille dans un environnement maîtrisé, est dérouté. Une bascule vers notre mode adaptatif est nécessaire et cette bascule, n’est pas automatique ! Elle s’opère en toute conscience, lorsque l’on décide de solliciter notre intelligence adaptative.
Avez-vous envie d’éprouver votre agilité, dans ces nouvelles conditions ?
Cela demande de se poser, d’être au calme et de fournir un effort d’introspection. Immanquablement, en ces moments de confinement et peut-être de cohabitation rapprochée, il est important de s’aménager un espace à soi dans la journée et un espace physique pour un temps de recul ou pour le temps du travail.
En considérant la situation nouvelle telle que vous la vivez, vous, aujourd’hui, comment pouvez-vous faire preuve de :
- Curiosité, pour porter un autre regard sur ce qui vous arrive, observer ce que vous n’avez pas encore vu depuis deux semaines
- Souplesse d’esprit, pour identifier le changement qui vous dérange le plus et qui pourrait constituer une aubaine finalement
- Nuance, pour atténuer vos pensées négatives et pessimistes
- Relativité, pour vous mettre à la place de quelqu’un d’autre ou vous projeter dans six mois, après « la vague »
- Réflexion logique, pour identifier et évaluer d’autres conséquences à prévoir ou pour exercer votre esprit critique sur ce que vous entendez et lisez
- Affirmation de votre opinion personnelle, pour savoir et exprimer ce qui est bon et important pour vous, en vous affranchissant du regard des autres.
Les pensées alternatives
1/ Quelles sont les pensées négatives qui vous viennent à l’esprit dans la situation que vous vivez aujourd’hui ? Notez tout ce qui assombrit votre quotidien et vos perspectives.
2/ Quels sont les ressentis associés (attristé, dépité, confus, inquiet…) ?
3/ Quelles sont les pensées alternatives (réalistes ou farfelues) que vous pourriez avoir, si vous considériez autrement cette situation ? Il ne s’agit pas de solutions à mettre en œuvre, mais uniquement d’un autre regard sur ce qui vous arrive.
4/ Quels sont les ressentis associés à ces pensées alternatives ?
Pensées négatives |
Ressentis associés |
Pensées alternatives |
Ressentis associés |
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Exemple |
Contrariée, perturbée |
Et si je profitais de ce temps disponible pour faire plus de sport ? On verra comment ensuite. |
Dynamisée |
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Exemple |
Ecœuré, horripilé |
On va voir comment mes collaborateurs réagissent, sur la durée ; c’est intéressant de voir la personnalité de chacun. |
Enthousiasmée, impatiente |
A vous de jouer…
A l’issue de cet exercice des pensées alternatives, comment vous sentez-vous ? Comment appréhendez-vous la situation, à présent ? Vous projetez-vous différemment ? Vous sentez-vous plus créatif (ve) pour mettre en place de nouveaux aménagements ?
Vous avez effectué une bascule, tiré profit de la plasticité de notre cerveau, notre meilleur allié et exercé votre agilité.
Si l’exercice de la bascule est difficile et que vous n’arrivez pas à avoir de pensées alternatives, faites une pause. Vous y reviendrez plus tard ; c’est une gymnastique qui demande un peu d’entraînement (nous sommes tant habitués à nous accrocher à nos pensées automatiques !) ; chacun doit pouvoir trouver son rythme.
Vous pouvez aussi proposer ce jeu à votre entourage (enfants, collègues ou collaborateurs…), pour stimuler l’agilité collective ! Et les choses évoluant chaque semaine, voire chaque jour, l’exercice peut être renouvelé régulièrement…
Un truc pour vous aider, si vous n’arrivez pas à vous concentrer, ou si vous ne voulez pas être dérangé : affichez votre pomodoro ! Il s’agit d’un truc d’organisation personnelle et d’efficacité. Prenez votre minuteur de cuisine (vous êtes chez vous !) ou téléchargez une application ; fixez vous un intervalle de 25 minutes puis faites une pause de 5 minutes. Si nécessaire, vous renouvelez l’expérience deux ou trois fois. Ce qui est essentiel, c’est de vous focaliser sur votre réflexion ou votre activité durant les 25 minutes. Et si quelqu’un est tenté de vous interrompre, il n’a qu’à patienter durant ce laps de temps. Voilà le principe agile du développement itératif et du timeboxing, appliqué à la gestion du temps. Pratique pour stimuler votre concentration !
Dans la partie 3 de ce billet, j’évoquerai le développement de l’agilité collective dans ce contexte de confinement et de distanciation sociale.
Prenez soin de vous.
